- sagaie
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• sagaye 1637; zagaye 1556; de assagaie (1546); esp. azagaia, de l'ar. az-zaghâya, d'o. berbère♦ Lance, javelot de tribus primitives.sagaie ou (Nouv.-Cal.) sagaïe, sagaillen. f. Javelot dont une extrémité est munie d'un fer de lance ou d'une arête de poisson.⇒SAGAIE, subst. fém.Lance ou javelot de peuplades primitives utilisé à la chasse et à la guerre. Coups de sagaie; fer de sagaie. Ces troglodytes [les hommes de l'âge du renne] (...) savaient travailler, de diverses manières, l'ivoire des défenses de mammouth, les bois de rennes, ou les os de divers animaux. Ils en faisaient des pointes de sagaie, des flèches pour la chasse, des harpons pour la pêche (BOULE, Conf. géol., 1907, p. 202).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: zagaye; 1740-1762: zagaie; 1798: zagaie ou zagaye; 1835, 1878: zagaie (id. ds LITTRÉ); 1935: sagaie, zagaie (id. ds Lar. Lang. fr., ROB. 1985). Sagayes (plur.) ds FRANCE, Pierre bl., 1905, p. 208. Étymol. et Hist. I. A. 1306 archegaie « javelot léger » (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 15340: Aus lances et aus archegaies); 1386 arcigaie (Comptes de l'écurie du roy, f ° 87 v ° ds GAY); 1414 harsegaye (Arch. nat., JJ 167, pièce 333 ds LA CURNE: une harsegaye ou demi lance); 1476 sagaye (Inventaire du château de Nomexy ds GAY, s.v. zagaye). B. 1546 azes guayes (RABELAIS, Tiers livre, Prol., éd. M. A. Screech, p. 10); 1556 azagaye (P. SALIAT, trad. HÉRODOTE, Hist., V, 49 ds HUG.). II. 1. 1515 azagaye « javelot des Noirs » (Le Nouveau monde et navigations faictes par Emeric Vespuce Florentin trad. d'ital. en fr. par Mathurin du Redouer, f ° 28 r °: azagayes envenimees [pour chasser l'éléphant, au Sénégal]); 1556 zagaye (J. TEMPORAL, Historiale description de l'Afrique, t. 1, p. 421 [récit de Cadamosto] ds ARV., p. 437: zagayes, qui sont en façon de dards legers [au Sénégal]); 1575 arsagaie (BELLEFOREST, Cosmographie, t. 2, col. 1918: ils ont des Arsagaies [en Afrique occ.]); 1637 sagaye (ALEXIS DE SAINT-LÔ, Relation du voyage du Cap-Verd, p. 49 ds ARV., p. 438); 1752 sagaie (Trév. Suppl.); 2. ca 1538 zagaie « javelot des Maures » (JEAN DE VÉGA, J. de la croisière du baron de Saint-Blancard ds E. CHARRIÈRE, Négociations de la France ds le Levant, t. 1, p. 341 ds ARV., p. 437: [au cap Bon de Barbarie] Mores a cheval portant zagaies). I A empr. à l'esp. azagaya « petite lance » (ca 1295 ds COR.-PASC.), et celui-ci à l'ar. maghrébin az-zag209
(art. al- assimilé en az- devant z; za209
« javelot, lance », mot d'orig. berbère). L'infl. de l'a. fr. archier « archer » a peut-être joué dans l'altér. du mot en arch-. Selon J. KIDMAN, Les empr. lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du XVe s., p. 39, empr. non à l'esp. mais à l'occit. (a. prov. arssagaya, 1318 ds LÉVY Prov.; alsagaya, 1347-68, ibid.), et celui-ci à l'ar. directement ou par l'intermédiaire du cat. atzagaia (1343 atzegayes, XIVe s. azagayes ds ALC.-MOLL.). La forme sagaye de 1476 semble issue du type arsegaie par déglutination (cf. J. KIDMAN, op. cit., p. 42 et notes 16 et 17). B empr. plus récent à l'esp. azagaya (cf. archegaye). II 1 empr., par le truchement des récits de voyages, à une lang. d'Afrique occ., qui aurait elle-même emprunté le mot soit au port. azagaya (XIVe s. d'apr. MACH., s.v. zagaia), soit à l'ar. (cf. ARV., p. 440 et J. KIDMAN, op. cit., p. 37). L'attest. de 1556 est tirée de la trad. du récit du voyageur italien Cadamosto (ca 1465) qui emploie la forme az(z)agaia (d'apr. PRATI, s.v. zagaglia); RAMUSIO (mil. XVIe s.) emploie les formes zagaia, zagaglia (ibid.). 2 prob. empr. dir. à l'ar. zag209
. Fréq. abs. littér.:46.
sagaie [sagɛ] n. f.ÉTYM. 1637, sagaye; zagaye, 1556; de assagaie (1546); esp. azagaia, de l'arabe az-zaghâya, d'orig. berbère.➪ tableau Mots français d'origine arabe.❖♦ Lance, javelot utilisé comme arme de chasse et de guerre, dans diverses sociétés (notamment africaines). Var. : zagaie (1537).1 Le plus grand, dès qu'il fut à portée, jeta une sagaie à pointe de silex. Il l'avait dardée avec force et adresse. L'arme effleurant l'épaule de Naoh, retomba sur la terre humide. L'Oulhamr, qui préférait ménager ses propres armes, ramassa le trait et le lança à son tour. Avec un sifflement, l'arme décrivit une courbe; elle perça la gorge d'un Kzamm, qui chancela et s'étendit.J.-H. Rosny, la Guerre du feu, I, p. 5.2 La monnaie, encore récemment, encore aujourd'hui, c'est le fer de sagaie, qu'il (l'indigène) forge lui-même, estimé cinq francs la pièce.Gide, Voyage au Congo, 12 nov. 1925, in Souvenirs, Pl., p. 769.
Encyclopédie Universelle. 2012.